Collection Les voyages immobiles

Un jour, par hasard, je tombe sur une série de cartes marines. Une vingtaine. Toutes des côtes de territoires de la méditerranée. Des noms évocateurs : Détroit de Messine, Taormina et Cap Cefalu, Carthagène, Cap Traflagar...On y trouve même des noms disparus, la Yougoslavie.

Les cartes sont belles. Elles sont issues des services hydrographiques et océanographiques de Paris selon des relevés du 19ème siècle. Qui plus est, on y trouve même de rares annotations qui invitent aux voyages : joli mouillage, splendide Médina, etc...

Quelle belle matière première pour envisager une nouvelle collection de tableaux. Je m'y mets et commence mon travail en reprenant ma technique habituelle toujours liée à l'utilisation de pochoirs.

Mais, tout de suite le doute apparaît. Le malaise s'installe. Tous ces tracés de côtes sont ceux que les Migrants tentent actuellement d'atteindre notamment l'Italie. El Rifugio !. Le refuge, voilà l’objectif et rien d'autre. Il n'est pas ici question de balade en mer, d'excursion, de tourisme. Vergogna !, honte à moi de ne pas y avoir d'abord pensé. Comment alors peindre des bateaux élégants, des phares ou encore des oiseaux marins sur ces cartes. Non, ce sera donc ici mon humble hommage à toute cette misère humaine qui côtoie dans ce grand espace qu'est la Méditerranée, l'insouciance des vacanciers.